Telle une branche sèche et torse,
Comme figée dans l’espace,
Une branche sans écorce,
Silhouette si lasse.
Sa peau blanche et marbrée,
Veines bleutées qui serpentent,
Là cette ombre non ambrée
Dans une chambre indolente.
La lumière en rayons,
Qui diffuse et souligne,
Un désordre, des haillons,
Se révèlent sous ces lignes.
Son regard là si terne,
Immobile et vitreux,
Telles de mortes lanternes
Sont ces yeux en leurs creux.
Jaunies et violettes,
Là ces taches sur ses bras,
Cicatrices si nettes,
Sur le gris blanc des draps.
Le silence, rien ne bouge,
Le corps semble posé,
Cet antre est un bouge,
Son teint couperosé.
Si maigre et fatigué,
Des os que l’on habille,
Le jour est au muguet,
Blafard qui se maquille.
L’écume sèche sur ses lèvres,
Son souffle s’est arrêté,
Cette âme n’a plus de fièvre,
Ni même semble apprêtée.
La sorgue a son visage,
Si have et si creusé,
Ce taudis paysage
Comme lui aussi...usé.
Un trou dedans son bras,
Petit comme une aiguille,
L’opiacé ce cobra,
Sa seringue qui mordille.
La vie n'a plus sa place
En ce lieu comme en lui,
Ici l'effroi se glace,
Plus rien céans ne luit.
Il dort dans sa sale mort,
Étouffé par son fiel,
N’est plus ci que son corps,
Ignoré par le ciel.
(15/03/2020)