Quelques notes, une odeur ou une image,
S’en renaît hier enfoui,
En des souvenirs vagues et bien sages,
Dans ce grenier des aujourd’hui.
Là, tout nous revient tel un flot,
Comme une marée de là-bas,
S'en venant sur le sable chaud
Dérouler son branle-bas.
Du plus profond ressurgissent les chamades,
Les frissons anciens, les sanglots, les sourires,
Qui dans une folle et incroyable cavalcade,
Sous la peau, dans le cœur, se remettent à courir.
Des enfants, des baisers, des courses des veillées,
Un tournis, des farandoles, des rires, des regards,
Les émois des premiers désirs doucement réveillés,
Dans ce train du passé qui d’un coup entre en gare.
Et l’âme dans l’ivresse d’antan se laisse emporter,
Entraînant le corps avec elle dans cette sarabande,
S’égarant dans ce que les souvenirs ont apporté,
De ces rues perdues des émotions non chalandes.
Tout est clair, évident, comme si était l’instant,
Des voix, des mouvements et des couleurs.
Tout est là, dans cet hier disparu, mais insistant,
Si prégnant de parfums et d’anciennes chaleurs.
Quelques bruits, une odeur, une lumière,
Alors s’égaillent ces jours passés,
Qui dansaient allègres, sous nos paupières,
Pour dans notre mémoire, s’effacer.