Dans la farandole du vent la feuille s’envole,
Dansant nue dans le ciel d’un azur épuré,
Libre de toute attache, elle amplifie son vol,
Croisant dans ses volutes, un papier déchiré.
De fleur en fleur l’abeille brune butine,
Puisant nectar et pelotes de pollen,
Curieuse et gourmande d’étamines,
Elle va et vient, sans perdre son haleine.
Les vagues roulent et s’étalent sur le sable,
Dans le bruissement de leur écume blanche,
En la succession de rouleaux interminables,
La mer lascive défile, ondule, et se déhanche.
Sur les champs de blé le vent passe sa main,
Sous la caresse légère, à peine effleurée,
Les épis ploient, faisant s’incliner leurs grains,
Puis se redressent lames souples de fleurets.
Dans une flaque, un oiseau se toilette,
S’ébrouant, de bec de plumes et d’eau,
Surprenant instant, et fragile silhouette,
De l’intimité matinale d’un moineau.
Impérieuse et massive la montagne s’impose,
Muraille de granit où les lichens s’accrochent.
Dans le soleil les neiges éternelles sont roses,
Découpé châle d’hiver apposé sur la roche.
Au loin, les regards se perdent jusqu’à l’horizon,
Dans l'attente placide et lente d’une survenue.
Au-dedans, doucement l’émotion s'apaise de raison,
Donnant alors un sens aux instants advenus.