(La musique est sous le texte si cela vous dit d'essayer ensemble)
Ombres et lumières des instants commencés qui se réclament à nous, impérieux et ostentatoires qui nous viennent chercher en la nuit. Les voilà qu’ils font leurs demandes, insistants, exigeant leur fin, ces heures qu’ils disent leur manquer... l’insomnie le cédant alors au sommeil. Fantômes, papillons nocturnes aux ailes brunes et de poussière, qui se déplacent légers et en tous sens, dans la syncopée d’une excitée chorégraphie, venant nous effleurer parfois, le front ou la chevelure, à dessein de nous éveiller et de nous maintenir en cet état d’hébétude angoissée. Rien ne les effraie, ni la flamme des bougies et des cierges sur laquelle ils pourraient consumer leurs ailes, ni encore les grands gestes désespérés qui tentent de les chasser. Ils virevoltent, changeant sans cesse de direction, affolant les esprits inquiets qui s’agitent comme des démenés, tourments impalpables qui s’obstinent et les harcèlent. Rien n'y fait et ne semble pouvoir y faire, ils insistent, provocateurs, harceleurs, essaim d'ombres et d'attouchemenst cursifs, caresseurs malséants et désagréables.
De conserve le piétinement de ces autres fâcheux, coléoptères non invités qui de leurs pattes poilues vous tapotent le front à n'en pouvoir mais. Qui se cognent et s'entrecognent, carapaces chitineuses contre carapaces de chitine, faisant résonner en votre crâne ces myriades de petits chocs, d'à-coups de charges et de heurts, dont l'écho se répète inlassablement, se nourrissant de lui-même, et paraîssant s'amplifier à chaque seconde, se répercuter à n'en plus finir! ils courent, entrent et sortent, vous envahissent, semblent vous dévorer de l'intérieur, s'agiter frénétiquement en vos yeux, en votre tête, en votre chair, sous votre peau, tandis que leur frères volants continuent de vous harceler de l'extérieur,complices ostensibles et entêtants; sardoniques et agiles aviateurs. L'armée vous détruit à petit feu, vous pille, vous absorbe, vous envahit, vous consume, vous ravage et vous ronge, impitoyablement, peu à peu, sans répit ni trêve, sans échappatoire possible... proie sans défense, dépécée de la nuit.
Ils vont et viennent, de gauche à droite, de droite à gauche, de façon aléatoire, trublions intrépides, agitateurs endemenés, n’ayant de cesse, de cesse de nous narguer, de maintenir cet éveil forcé jusqu’à la migraine, le martel séditieux et implacable, qui défonce votre tête tout en vous maintenant malgré tout vivant. Noctambules agités, vampires impalpables et enragés par cette fin qui leur manque, ils réclament ce dû,leur bien sans crédit... que ce qui a débuté finisse, afin de clore leur parenthèse, leur étant... alors seulement ils repartiront, disparaitront, s'évanouiront, repus et satisfaits, dans cette complétude de laquelle ils se sentent invalides, mutilés et boiteux... si pleinement imparfaits.