Eh la mort Viens on va danser ! On va gambiller jusqu’à en perdre la tête ! Viens la mort que je te donne un baiser, que je mordre à sang tes lèvres froides, viens que te serre à en perdre l’haleine dans le tournis de la musique qui fait rire et pleurer ! Oui viens la garce noire ! Viens que je te prenne contre le mur à grands coups de désir, pour un spasme sauvage et sans retour ! Viens salope ! Viens que je vois le blanc glacé de tes yeux sans vie, viens ! Viens camarde pour un cavalcade folle et enivrée, regards fixes l‘un dans l’autre comme une étreinte mystique, femme catin dans ta robe de nuit ! Viens la mort, viens que je jouisse du dernier instant et que mon sang se refroidisse à jamais dans cette étreinte bestiale et fougueuse ! Viens putain du néant, viens t’offrir encore une fois, sans tabou ni retenue, soulève le drap que j’entre en toi et m’y engloutisse, que je sente ton humeur amère et gelée, que ce feu qui me brûle s’éteigne au contact de ta frénésie gourmande et impavide !
Viens sur le trottoir des amours vénales et sans issues, des caresses acides qui entaillent et pénètrent jusqu’à l’âme ! Des soupirs éhontés et frénétiques ! Viens putasse, rouchie des enfers pour une danse vulgaire, corps contre corps, dans des gestes et des mimiques outrés, des rires sarcastiques et canailles ! Viens gaupe au visage trompeur, viens mettre ta main entre mes cuisses et saisir ce désir d’ailleurs ! Viens me faire jouir une dernière fois ! Viens putain de toujours te régaler de mon âme dans une convulsion ultime et nonpareille !
Viens on va faire grincer les lattes du parquet, remuer les dernières poussières, parmi les confettis et les guirlandes tombées ! Viens transpirer dans la fatigue des flonflons sur la piste déserte, au son d’un orchestre de fin de bal, viens t’écrouler avec moi et baiser comme des animaux sans vergogne, des amants vicieux et provocants, dans un stupre cursif et répugnant ! Allez la gueuse retrousse ton jupon obscur qu’avec vigueur je te foute! Viens cadavre que je crie en te prenant et bave à l’ultime instant lorsque mon âme jaillira par le bas ! Viens branler ma dépouille jusqu’à la dernière goutte et assécher mon ventre ! Viens ! oui viens la mort te repaître de ma viande et de l’esprit qui s’y cache ! Viens dévorer ma vie et que cesse enfin le bal et la mascarade du jour !
Que cesse la musique pour un silence parfait ! Que s’envolent les papiers gras du destin au vent de l’oubli et s’éteignent les lumières à jamais ! Ferme la porte de cette salle vide et sans lueur. Viens la mort, viens ! Il est temps de partir et d’aller danser ailleurs !