De la fenêtre les battants,
Tous deux en grand ouverts,
Dans ce temps hésitant
De la fin de l’hiver.
Le regard dans le vide
Je le vois là passer,
Lui là-bas qui dévide
Sans jamais se lasser.
Quel que peut être l’instant,
Il est ci sans de cesse,
Déroulant là le temps,
Sans aucune rudesse.
Chaque jour différent,
Ayant tant de visages,
Il passe indifférent
Dedans mes paysages.
Même si la nuit je ferme,
Je ferme les volets,
Jamais je ne l’enferme,
Ne cessant de voler.
Il est lui ou bien elle,
Là ça ou autre chose,
Parfois il est untel,
Il se métamorphose.
Toujours de beau matin
Je le vois repasser,
Tranquille ou bien mutin,
Si prêt à jacasser.
Je l’ai connu enfant,
Frêle vif et empressé,
Porcelaine éléphant,
Insouciant mais pressé.
Puis un suivant jour
Il était là jeune homme,
Voulant prendre son tour
Quelle qu’en fût là la forme.
Je le savais présent,
Dehors, à la fenêtre,
Toujours s’organisant,
Pour ainsi m’apparaitre.
Mille visages, mille allures,
Aux ans se succédant,
Étrange créature
Jamais ne s’attardant.
Équinoxes et solstices
Fenêtre grande ouverte,
Au travers l’interstice,
Les journées trop couvertes.
J’ai vieilli avec lui,
Chaque instant se faisant,
Le laissant chaque nuit,
Pour un autre présent.
Aujourd'hui j’ai du mal,
J’ai du mal à le voir,
En ce jour automnal
Je lui dis au revoir.
Bientôt se fermeront
Les vantaux à jamais,
Bien d’autres passeront,
Face aux huis non fermés.
(01/04/2020)