Quand le ciel s’obscurcit
Déjà le jour se meurt,
Sans possible sursis
Ni probable demeure.
Une ombre mate s’étale,
S’étire et puis s’étend,
Se déposant étale
Tel un si sombre étang.
Le crépuscule, son encre,
Semblant se renverser,
Sa pénombre qui s’ancre
S’étant lors déversée.
Tout parait s’étrécir,
Dans le soir s’engoncer,
S’en venant épaissir
Les reliefs espacés.
Telle une mante religieuse,
La nuit dévore le jour,
Sans sursaut, malicieuse,
Lentement le savoure.
Un espace univoque,
Sa matité confuse,
Sans que rien ne provoque
Toutes ses bribes diffuses.
L’obscurité s’impose,
Dépliant là son voile,
Ce linceul qu’elle dépose,
Sur sa voute sans étoiles.
Là sortie de son antre
La sorgue devient reine,
Ses démons sont des chantres,
Qui remplissent nos arènes.
Seules nos âmes s’égarent,
Échappées de nos corps,
Êtres informes et hagards
Là privés de décor.
Dans nos rêves elles se battent,
Prisonnières des incubes,
Ou s’enfuient à la hâte
Redoutant les succubes.
Les rêves sont des cauchemars,
Des voyages sans retour,
Des bateaux sans amarres
S’échouant tour à tour.
La mort son messager,
S’en venant chaque nuit,
Ce coursier passager,
Quotidien qui s’enfuit.
Quand le ciel se noircit
Le jour alors se meurt,
S’effaçant des glacis
Sans aucune rumeur.
(23/02/2019)