Un voile épais et sombre,
Une ombre de velours,
Dessus qui nous encombre
Obscurcissant le jour.
Telle une lourde épaisseur
Écrasant nos pensées,
Étouffant le penseur,
Le faisant insensé.
Le nœud de nos angoisses,
Linceul pesant sur nous,
Malgré le temps qui passe,
Jamais ne se dénoue.
Cette peur intime et forte,
Licol de nos viscères,
Qui sans cesse nous exhorte,
Démon qui vocifère.
Il est un lourd fardeau,
Écrasant là notre âme,
Brisant lors notre dos,
Que l’on soit homme ou femme.
Un animal bâté,
Aux pattes entravées,
Se trainant de côté,
Peinant en les travées.
Ce ciel d’un lourd coton,
Dessus notre cerveau,
Jamais nous ne l’ôtons,
Par monts et puis par vaux.
Une étreinte, un garrot,
Une prison toute secrète,
Fermées par des barreaux
Que la pensée sécrète.
Tel un orage sans pluie,
Un ciel d’encre de chine,
Flottant en notre esprit,
Nos rêves s’y s’échinent.
Plus jamais de beau temps,
De soleil qui revient,
Le temps là s'arrêtant
Dedans ce va sans vient.
Ce tissu lourd si sombre,
Nous embrassant de peine,
Surplis teinté de l'ombre,
Linceul couleur d'ébène.
(22/03:2020)