Voyez là tout ce sang qui s’écoule,
Celui dedans nos veines,
Tout ce sang de nos morts qui coule,
De nos douleurs si vaines.
Rivières aux mousses purpurines,
Hémorragies naissantes,
Ces cœurs battants qui tambourinent
Aux blessures incessantes.
Océans mousseux et cramoisis
Plissés dans leurs reflets,
Rejetant leurs épaves moisies
De cadavres gonflés.
Les cieux pourléchés de garance,
Postillonnés de gris,
Sous l’haleine de leurs vents si rances
De leurs parfums aigris.
L’horizon comme une plaie béante,
Cicatrice infinie,
Toutes ces langues rougies et géantes
Sur son ciel définies.
Ce feu liquide et rougeoyant
Jaillissant de la terre,
De flammes et de sang s’enfuyant
Des intimes artères.
Ces plaies boursoufflées de gangrène
Sur le sol imbibé,
La mort y voit pousser ses graines,
Nullement prohibées.
Dans ce monde si plein de douleur,
Si coloré de sang,
Bien pâles sont les autres couleurs
Des geysers jaillissant.
Plaies et meurtrissures écarlates,
Saignements continus,
Les mers empourprées se dilatent
Pleines du sang contenu.
(13/01/2019)