Comme ça pour dire de passer le temps en attendant le repas...
(A Julie La Folle...)
Poussières dans le vent, le vent de l’histoire et celui de l’oubli, qui poussent loin, là-bas les choses des hier, des instants sombres et néfastes, afin que chacun puisse se croire vierge de ce qui fut, et jamais plus ne sera, jamais plus le croit-on. Mais pourtant, les amours s’oublient se trahissent et se mentent, les haines se réveillent se toisent et s’aheurtent, se nourrissent et se croisent, s’entrebattent se jaugent et se maudissent, à jamais, à jamais ennemies, à jamais emplies de vieilles et vaines colères, car il n’est nul baiser dont la trace ne sèche pas... Nul baiser dont le souvenir ne reste impérissable, nul regard qui ne se détourne pas, car la vie est un fleuve, si long, si tumultueux, dans lequel on ne se baigne jamais deux fois... deux fois à l’identique.
Parfois le baiser est un crachat, et l’embrassade fausse étreinte nous éreinte, le sourire une cautèle, et la caresse cautère... qui peut-on croire, lorsque l’on sait que soi même parfois, l’on est mensonge, colère et violence? Qui pourrait dire?. Moi jamais ! Qu’à celui-là, alors, on lance l’ultime pierre !
Attendre, laisser passer le temps, que sèchent les larmes et se taisent les sanglots, que les cordes des violons frottent et s'usent, et les chamades se contiennent et s'apprivoisent, que l'oubli estompe les rancoeurs, sans vraiment les canceller, oblitérant leur fiel pour simplement contenir leurs enfants, les retenir, pour qu'ils aillent nul part ailleurs que de l'avant... vers d'autres lointains, d'autres contrées supposées, que celles de leur parentes.
Poussières dans le vent qui se déposent, alentour et ailleurs, comme témoins du temps qui se lasse, se passe... tels les souvenirs incertains des jours qui furent et ne seront plus, sinon en pâles sosies, mal grimés, réinventés... quand est-il de l'éternel retour? Des douceurs qui perdurent et jamais ne s'atténuent? Qui se répètent inlassablement, s'en revenant sans cesse, farandoles énivrantes et colorées, ces rires inaltérables, ineffaçables sourires, et les soifs étanchées?
Poussières dans le vent en témoins des colères, des misères et des tortures, ombres déposées sur le décor d'un renouveau... de façade, comme pour dire de supporter, de se supporter, et continuer de vivre... ensemble, par désir ou par dépit, parce qu'il est impossible de faire autrement... parce qu'ainsi est la vie , quand bien même nous la voudrions, différente...
Parfois le baiser est mensonge, et l'embrassade trahison, le sourire lui, contentement du mal à venir, et la caresse, prémices des coups qui attendent que se ferment les portes... portes des yeux, portes du coeur, et celles de l'âme... probablement.
Revenir de l'enfer sans se retourner, à dessein de ne rien perdre, ni regard ni baiser, amours défuntes inanimées, l'espoir d'un miracle, mais jamais, jamais elles ne reviennent, celles qui nous ont laissés, les joies comme les peines, pour toujours recluses, en notre passé, en notre mélancolie... la vie est un fleuve, un fleuve imépétueux et tourmenté, dans lequel jamais deux fois l'on se baigne...deux fois à l'identique, deux fois dans la même peine, deux fois dans la même joie .