Face au miroir seule,
En cet instant de toi,
Loin de ce monde veule,
En l’intime matois.
Tes formes et reflets,
Les ombres et contrastes,
Et ton ventre soufflet
Qui lui s’agite chaste.
Tu provoques ton âme,
Par une image outrée,
Que l’impudeur réclame,
De ce moment feutré.
Tes mains, tes lèvres vives,
Tendons, ourlets de chair,
Quand le désir avive,
Les dévotes jachères.
Ouverte cathédrale,
Aux dentelles carmines,
D’une messe amorale,
Où des ombres gaminent.
Bénitier de ton ventre,
Baptême de tes doigts,
Dans l’humide de l’antre,
Que l’outrance coudoie.
Sur ta peau blanche claire,
Des veines bleues s’écoulent,
En ce miroir qu’éclairent,
Les reflets de l’ampoule.
Tes yeux cherchent l’image,
Ce spectacle du corps,
Ultime de l’outrage,
Sublime désaccord.
Le spasme se propage,
S’élance, gagne le choeur,
Intime aréopage,
Où palpite ton cœur.
Tes cuisses tu déploies,
Les ouvrant plus encore,
Du plaisir l’emploi,
Tu t’offres le décor.
De ta Geste l’actrice
Sur la scène du tain,
Avide spectatrice
Malicieuse catin.
Ta matrice tu fouilles
Et explores ton ventre,
Tes prunelles se mouillent
À l’instant où tu entres.
Images emmêlées,
Tu gémis et soupires,
Mirage sang-mêlé,
D’intérieurs sourires.
Belle, putain de toi-même
Peinture de psyché,
De ce corps bohème
Aucunement empêché.
Coule en toi cette vie
D’une limpide moiteur,
Subreptices envies
D’une sapide lenteur.
Face au miroir seule
En cet instant passé,
Où le silence feule
Les soupirs dépassés.