Il y a les ocres, les verts,
La tourmente de gris,
Comme un ciel à l’envers,
Les labours sous la pluie.
Et puis ce vent, qui souffle
Sur les champs en devers,
Qui s’égare qui s’essouffle
Rescapé de l’hiver.
Sa course folle et froide,
En les enrues gorgées,
Humides empoignades
Sur la glèbe égorgée.
Un soleil égaré,
Comme absent, trop lointain,
En des cieux séparés
Si parés de chagrin.
L’infini de la terre,
Le tumulte du ciel,
L’impossible éventaire,
D’un terrestre arc-en-ciel.
Un rayon de lumière
Dilacère la grisaille,
Transperçant la verrière
De nuées qu’il cisaille.
Le grand vide des plaines,
L’absolu du silence,
Dans la bruine si pleine
Déversant sa dolence.
L’absence insoutenable,
Si forte si prégnante,
De cet astre impalpable
La distance poignante.
Et la plainte du vent,
Son écho ses rafales,
Qui s’en va s’élevant,
Geignement triomphal.
Là-bas sur l’horizon,
Aux confins du regard,
Du soleil l’oraison,
Laconique s’égare.
C’est la pluie qui déverse
Sa brumaille collante,
Dans le flot d’une averse
Qui s’inverse insolente.
Il fait gris, il fait froid,
Sous la voûte qui s’éloigne,
En la peine et l’effroi,
Où mon âme s’empoigne.
Il n’est rien qui déchire,
Ce voilage si sombre,
Ni ne vient l’affranchir,
Du tissage de l’ombre.
Où es-tu mon Soleil ?
Où es-tu ma lumière ?
Quand à peine s’éveillent,
Les semailles premières ?