Te souviens-tu de ce doux voyage ?
De ce voyage entreprit par mes lèvres,
Un soir de désir et de ciel d’orage,
Où nos âmes ont emmêlé leurs fièvres.
Sur le chemin de ta peau et ses ravines,
Ma bouche s’en était allée doucement,
Tout au long, au long d’une nuit câline,
Découvrir ton corps, et son linéament.
Te souvient-il comme elles se souviennent,
De cette longue errance, palpitante ?
Trépidante et tiède sur ta route pelvienne,
Te souvient-il, de cette bouche amante ?
C’était une nuit, une brune d’obscure passion,
Où la chamade frissonnait,
Fredonnait folle sur mes lèvres sa palpitation,
Tremblement d’un désir ânonné.
Te souviens-tu de ces longues caresses ?
De ces instants intenses et hurlants ?
Où ma langue dans une infinie paresse,
S’en fut là-bas, en ton ventre brûlant ?
Dans l’intimité des heures sombres,
La mollesse des peaux et des replis,
Ma bouche curieuse, en la pénombre,
De ton désir s’abreuva et s’emplit.
Te souvient-il de cette nuit, de cette nuit volée ?
Dérobée aux autres et dérobée au temps,
Où mes lèvres se sont égarées et immolées,
Sur l’autel d’un baiser, d’un baiser envoûtant.