Là bas, il y a du vent,
Et des choses légères,
Derrière des paravents,
Que les ombres suggèrent.
Là bas, il ne pleut jamais,
Ou alors des larmes belles,
Translucides parfumées
Déposées sur les ombelles.
Là bas, le vent s’amuse,
Danse, souffle et caresse,
Joue de la cornemuse,
Sans note maladresse.
Là-bas, le crépuscule est infini,
Badaud se traînant dans le jour,
En cet instant bizarre indéfini
Où l’aube devient un contre-jour.
Là-bas, le temps fait une pause,
S’assied au pied des arbres,
Sous les ombrages qu’ils déposent,
Sur le soleil de marbre.
Là-bas, il fait toujours beau,
Il n’est plus de fatigue,
Quand le ciel se fait flambeau
Sensuel et prodigue.
Là-bas, les attentes sont douces,
Les impatiences délicieuses,
En ces heures que le temps détrousse,
De ses secondes malicieuses.
Là-bas, il n’est plus de douleurs,
De cicatrices vives,
Ne sont que câlines couleurs
Que la lumière avive.
Là-bas, le vent efface les sanglots,
Puis dessine des sourires,
Taille les amarres et les câblots,
Redessine les navires.
Là-bas, souvent je m’en vais,
Quand l’insupportable me tient,
Vers ce pays emblavé,
Où nulle peur ne me retient.
Là-bas, je te sais et t’attends,
Puis te cherchant je te retrouve,
En ces regards et nos instants,
Loin des absences qui m’éprouvent.
Là-bas, tu y seras toujours,
Intérieur pays des émois,
Quand la nuit embrasse le jour,
Dans les blés, à l’ombre des moyes.
(2009)