Voyage d'un arbre sur le fleuve,
Dérive vers l’océan là-bas,
Où roches et méandres ne peuvent,
Stopper cette course en contre bas.
Une bouteille à la mer brisée,
Dans les remous intimes perdue,
Tout au fond de criques envasées,
Où nul jamais ne s’est rendu.
Rêves de perles aux galets interdits,
Nus, échoués sur les rivages,
Bois flottés et verres dépolis,
Débris, d’un vertige voyage.
Se déroule le dépli de l’onde,
Sous la dentelle de son écume,
De part et d’autre de ce monde,
Face à face, de hauts phares s’allument.
Sur le sable s’échouent des questions,
Naufragés de ces latitudes,
De la lune, la révolution,
Des vagues, l’allante infinitude.
Car sur les plages opposées,
Sont des regards qui s’interrogent,
De ce lointain là disposé,
Dans l’horizon, se fond l’éloge.
Parti de loin dedans les terres,
En émigrés de ces forêts,
Morceaux de bois, lambeaux de mer,
Sculptures éparses, tant ignorées.
Que dansent les ombres sur l’eau,
Récifs navires et reflets,
D’un ancien monde le nouveau,
Le vent, dans les voiles gonflées.
De part et d’autre face à face,
Là-bas, chacun sur son rivage,
Sur ces dunes que la brise efface,
Germent des rêves de voyage.