Grand vide des rues inertes,
Dans le jour qui ne sait pas,
Et dans la ville déserte,
Ne résonne plus aucun pas.
Ombres des grandes tours
Au soleil couchant,
Et rien d’autre alentour,
Que ces noirs penchants.
Fuite molle d’un papier oublié
Prisonnier d’une impasse,
Coule le fleuve sous le tablier
Du vieux pont qui l’embrasse.
Insanes virgules de couleurs,
Graffitis ternes délavés,
Murs aux lamentations des douleurs,
Colères fauves enclavées.
Un horizon lointain qui rougeoie,
Sur le gris de la toile,
Quand sur la ville morte poudroie,
Une nuit sans étoiles.
Il n’est que voitures sans vie,
Dans les rues anonymes,
En simples signes de survie,
Sans aucun patronyme.
Par les nues le ciel est mouvement,
Et la cité, elle, est immobile,
Pétrifiée en son élèvement,
Sous cette mate voûte mobile.
Les odeurs solitaires se traînent
Dans le vent tiède des quartiers,
Etale courant qui les entraîne
Par vagues d’effluves entiers.
Il n’est plus vie, il n’est plus êtres
Dans la ville obscure endeuillée,
Rien plus n’est certain, ni peut être
En l’étrange de cette veillée.
Grand vide des âmes en peine,
Dans un jour qui ne se fait pas,
Où sur le devant de la scène,
Ne résonne plus notre pas.