Prendre son cœur à pleine main,
L’extirper d’un geste violent,
Se l’arracher d’un tournemain,
Et qu’enfin cesse son tourment.
Empêcher ses soubresauts,
Le serrer plus encore,
Jusqu’à son dernier sursaut,
Le tenir loin du corps.
Le vider de son sens,
En exprimer le sang, la sève,
En sa déliquescence,
L’étreindre, jusqu’à ce qu’il crève.
Ne plus le sentir battre, cogner,
Ni pulsation ni chamade,
Frémir en son sein rencogné,
Pour ses amours nomades.
Faire en sorte de plus aimer,
Qu’il cesse et cesse de battre,
Et que taise cette chair à jamais,
Son désir de s’ébattre.
L’écraser le broyer,
Que gicle son poison,
Sans même s’apitoyer,
Qu’il rende sa raison.
Le laisser se dessécher, se durcir,
Devenir silence et puis poussière,
Puis que s’en viennent s’obscurcir,
Les vaines délices meurtrières.
S’épargner le vide des attentes,
Martel qui frappe et résonne,
Sa lente complainte assonante,
Qui vous happe et vous arraisonne.
Vivre sans toi, par l’oubli de lui,
En cette vacuité de son battement ;
Ainsi se convaincre qu’en la nuit,
Le jour tisse muet son vêtement.
Se vider à plein, s’écœurer,
Freiner, finir sa cavalcade,
Pour ainsi vidé, décœuré,
Ne jamais plus être nomade.
Prendre son cœur entre ses doigts,
Et l’y sentir palpiter,
Encore un peu, une dernière fois,
Avant de le précipiter.