Des mots, la valeur de l'instant,
Fugaces, dépourvus de mémoire,
Fragiles et labiles, inconstants,
Ces miroirs sans tain ni de moire.
Là , si facilement égrenés,
Sans aucun frein ni retenue,
Aussitôt par le temps entraînés
A peine à notre âme parvenus.
Paroles légères et transparentes,
Départies de tout lendemain,
Ici offertes et caressantes
Comme les doux passages d'une main.
Ces aveux si tièdes et mols,
Baisers d'une conjugaison,
Que le jour d'après carambole
Dans un silence pour oraison.
Une rue déserte de fin de bal,
Un petit jour blême et si fade,
De tous ces mots les pierres tombales,
Sur la grisaille de ces façades.
Un musicien sans partition,
Une chanson sans son refrain,
Le papier blanc d'une pétition,
Un lourd silence que l'on enfreint.
Un corbillard qui traîne vide
Un jeune que l'on enterre,
Le jour se lève combien livide,
Plus de paroles sur l'éventaire.
Quand l'aujourd’hui est orphelin
De ce présent intemporel,
De ces aveux de ces câlins,
Papier buvard d'une aquarelle.
Des mots sans âme et inconstants,
Sans trace, dépourvus de mémoire,
De la valeur d'un court instant,
Comme des miroirs sans tain ni moire.
(15/05/2016)